Délire à deux

Lignes artistiques


Un jeu aux rythmes décalés


L’absurde est le propre de l’univers des pièces – anti-pièces - de Ionesco. Délire à deux ne déroge pas à cette règle : un homme et une femme se disputent à propos d’une tortue et d’un limaçon, une guerre éclate sans que l’on sache pourquoi, la paix s’installe de façon tout aussi hasardeuse et mystérieuse. Les propos du couple, sans queue ni tête, tantôt font échos à ce qui se passe dehors, tantôt sont en décalage avec le chaos extérieur où les personnages apparaissent alors repliés dans leurs petites habitudes, leurs disputes quotidiennes.
Nous aimerions appuyer ce décalage au niveau du rythme de la pièce en installant des silences ou des accélérations dans le dialogue là où l’on ne s’y attend pas. Ainsi, le sentiment d’étrangeté propre aux pièces de Ionesco sera d’autant plus présent.


Un spectacle intimiste


L’homme et la femme sont dans leur appartement. Nous assistons, au-delà de la guerre qui gronde au-dehors, à leur vie et leurs disputes quotidiennes.
Ionesco nous fait ainsi entrer au cœur de l’intimité de ce couple. Une recherche scénographique sera faite pour accentuer cet effet d’intimité.
Ainsi, l’appartement débordera de la scène et sera la salle toute entière rendant le public partenaire de leur histoire, comme un visiteur discret installé dans le salon.
Il n’y aura pas d’effet lumière amenant le quatrième mur : pas de noir au début, peu d’effets. L’éclairage viendra d’ailleurs surtout des lampes de chevets ou de lampes à abat-jour qui seront installées un peu partout. Grâce à cette ambiance intimiste, la guerre sera d’autant plus proche, plus impressionnante, plus absurde.


Une dimension intemporelle


Le public entrera donc dans un appartement, dans l’intimité du couple.
Cependant, cet appartement ne sera pas moderne, actuel : il sera constitué particulièrement d’objets passés, d’objets de brocante, comme si ce couple n’était jamais sorti de chez lui, comme si l’évolution du dehors ne les touchait pas.
Le temps s’est arrêté car il n’a pas d’importance dans cette histoire. Une perte de temps donc au profit d’une dimension intemporelle.
Car, de tout temps les hommes se sont fait la guerre au nom d’absurdités. C’est cette caractéristique que nous voulons mettre en avant.


Un réalisme poétique


Le décor, bien qu’intemporel, sera donc réaliste, une table étant bien une table, un fauteuil étant bien un fauteuil, etc.
Cependant, certains éléments amèneront une dimension poétique : l’intemporalité tout d’abord, des cadre vides qui encadreront quelquefois les protagonistes amenant par là l’idée du portrait (portrait de nos propres absurdités), ainsi qu’un détournement des bruits et intrusions de la guerre dans l’histoire.



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