Le premier


Lignes artistiques


Un focus – la file chorégraphiée


Israel Horovitz concentre dans une unité de temps (une heure) et de lieu (sur une ligne) une action menée par les cinq personnages : tout faire pour être le premier.
Car ce qui importe à l’auteur est de faire un focus sur une particularité de notre société: cet arrivisme ordinaire où l’on se demande sans cesse comment dépasser les autres pour prendre leur place.
Rester sur ce focus, ne pas nous en éloigner. Plutôt le grossir encore un peu, gestuellement parlant.
Ainsi les gestes de l’attente dans une file, les tentatives de dépassement sont quelquefois rythmés, chorégraphiés pour en grossir un peu plus certaines particularités et par ce biais, en faire ressortir une certaine poésie teintée d’humour.


Un traitement caricatural à éviter, une recherche de spontanéité


Il y a donc cinq personnages sortis de la plume d’Horovitz qui semble avoir pris le concentré de cinq caractères fréquemment rencontrés aujourd’hui
– le vulgaire écervelé et violent, le manipulateur cynique, l’homme transparent, la séductrice et l’homme victime de tout.
Leurs traits au travers de leurs paroles et leurs gestes décrits dans le texte sont déjà tellement grossis et caricaturés que nous avons décidé de les traiter dans un jeu simple et direct, sans en rajouter dansla caricature.
Nous nous sommes, entre autres pour rechercher ce jeu simple et direct, basés sur la démarche de mise en danger, d’obligation de réinventer sans cesse la manière de dire amenant à un jeu spontané.


Un aspect multiculturel – un portrait du monde


Une file. Tout le monde connaît cela. C’est un phénomène que l’on pourait considérer comme faisant partie de ces spécificités propres au genre humain.
Dans toute culture, dans tous les pays, les gens font la file, de manière courante ou pas, ordonnée et calme ou pas.
Ce n’est donc pas un hasard si l’auteur a choisi de concentrer cette histoire du monde dans une file.
Nous avons voulu développer ce qui semble être une donnée du monde par des comédiens de divers horizons dont par le passé les pays n’ont pas eu que des rapports d’échanges.
Ces rapports n’ont changé que par la forme, le fond restant la domination sur les plans économique, social et politique.
Ainsi, les personnages sont interprétés par des Belges, des Burkinabés et des Français.
Ils dressent ensemble le portrait absurde et cynique d’une particularité de notre monde, de leurs sociétés car la course pour le gain, les armes, la domination, bref, la course pour la première place est propre à chaque société, société jadis d’échanges, actuellement hélas de consommation.
Pour renforcer cet aspect multiculturel, des parties de dialogues sont traduites en mooré, une des langues du Burkina Faso.


Un rythme à suivre


L’auteur a écrit et construit cette pièce minutieusement, comme une partition de musique.
Le rythme et les respirations y sont dès lors particulièrement importants. Se concentrer sur cette musicalité, cette rythmique inhérente à la pièce est l’une des grandes préoccupations du travail que nous avons entrepris à partir de ce texte.
Nous avons d’ailleurs cherché à ajouter des moments rythmiques dans la pièce par exemple lors des danses-séduction de Molly.


Les danses-séduction de Molly


Molly séduit donc tous les hommes de cette file. Elle use de tous ses stratèges érotiques avec chacun d’entre eux.
Ceux-ci sont représentés sous la forme métaphorique de danses et de chansons créées, inventées.
En plus de de la séduction qui est traitée sous toutes ses formes dans la pièce, de la façon la plus sensuelle à la plus ridicule, nous avons également intégré la dimension multiculturelle.
Dès lors, les musiques ou plutôt les chansons qui accompagnent ces danses proviennent des pays représentés par les comédiens de la pièce, c’est-à-dire le Burkina Faso, la Belgique et la France.
Les chorégraphies sont donc également inspirées des gestes que l’on retrouve dans les danses de ces pays en n’hésitant pas à nous en éloigner aussi afin de ne pas tomber dans la reproduction de danses connues.
Il s’agira plutôt de s’en inspirer pour aller au-delà.


La musique


Il y a donc des moments musicaux : les chansons des danses de Molly ainsi que les musiques de Mozart annoncées par Stephen dans le texte.
Les musiques de Mozart sont des enregistrements. Les chansons des danses de Molly sont quant à elles chantées en direct par les acteurs.
Ces chansons sont issues du patrimoine culturel des trois compagnies et adaptées pour l’occasion.


La scénographie - juste une ligne


Une scène vide. Juste une ligne où évolueront les cinq personnages.
Car cette pièce n’a besoin d’aucun décor supplémentaire, d’aucune ambiance visuelle particulière.
Il faut aller au plus simple pour servir cette histoire où la seule chose qui importe est cette ligne et ce qu’il s’y passe afin de mettre en valeur le focus de l’auteur.


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